Fin juin 2022, SNCF Réseau a inauguré un campus de formation de 42 000 m2 à Bordeaux-Bègles, en Nouvelle-Aquitaine. Un établissement impressionnant avec près de 40 salles d’atelier, un plateau technique grandeur nature avec 5 rangées de rails et 204 chambres d’hébergement. Opérationnel depuis avril, il est destiné à accueillir près de 300 stagiaires chaque jour. Visite au cœur de ce nouveau site. (Photo : CT)
Le centre de formation de Bordeaux-Bègles est le second campus inauguré par la SNCF Réseau après celui de Paris Nanterre en octobre 2021. Un troisième devrait ouvrir ses portes à Lyon en septembre. Ils ont vocation à remplacer la vingtaine d’autres sites spécialisés précédemment utilisés pour former les salariés. Désormais, toutes les cessions sont regroupées et 90% de l’enseignement proposé est le même sur les trois campus. Bordeaux-Bègles dispose cependant d’une option « soudure » et celui de Nanterre d’une option « mécanique et signalisation ». Plus de 150 métiers ferroviaires et toutes les spécialités, signalisation, aiguillage, exploitation, circulation, … sont couverts.
Vue du toit : au fond à droite le bâtiment avec les salles de cours, de réalité virtuelle et le simulateur. En face, le bâtiment avec la halle technique et les 39 salles d’ateliers. À gauche, le plateau technique et au premier plan à droite, le bâtiment des hébergements. (Crédit : CT)
Dès l’arrivée sur le campus, c’est l’aspect massif, neuf et moderne du site qui saisit. Le site compte trois bâtiments. Le premier regroupe les espaces pédagogiques, le deuxième abrite une halle technique et 39 salles d’ateliers et le dernier est réservé à l’hébergement des stagiaires. Il dispose de 204 chambres et d’un restaurant. Le tout est entouré de verdure, d’espaces de détente avec transats, de tables de ping-pong et de matériel de sport. Le campus a nécessité 2 ans de travaux et l’objectif est d’accueillir près de 300 stagiaires par jour, ils ne sont pour le moment que 140.
Soutenir le programme de formation Voies d’Avenir
SNCF Réseau a créé ce campus dans le cadre de son plan « Voies d’avenir » pour faire évoluer et digitaliser ses techniques d’enseignement et ses formations. Ainsi, par exemple, il a réalisé plus de 800 vidéos en motion design expliquant les gestes métier et les manœuvres. Résultat, une vidéo de 15 minutes remplace un cours de 2h. Avec la réalité virtuelle afin que le stagiaire s’exerce autant de fois qu’il le souhaite aux manœuvres, notamment de sécurité telles que les vérifications visuelles, ou la manière de placer ses mains pour prévenir un accident. Le simulateur du poste d’aiguillage a été actualisé, désormais il est en tout point similaire à ceux existants dans les gares françaises, les étudiants apprennent ainsi dans les conditions du réel.
En outre, les apprentis disposent d’un plateau technique avec 5 rangées de rails, avec des tronçons de 220 mètres linéaires et différents passages à niveau. Il simule des défauts, des pannes ou des problèmes techniques électriques ou de soudures. Une aire de triage de containers, non-accessible durant la visite pour des raisons de sécurité, a également été créée avec des rails et des trains de travaux. Toutes les installations sont exploitées par les stagiaires au cours de leurs formations.
Démonstration d’un dispositif de réalité virtuelle, utilisé ici pour s’entrainer à réaliser tous les contrôles de sécurité avant d’autoriser une manœuvre. (Crédit : CT).
Enfin, les enseignements sont personnalisés grâce à une technologie d’ancrage mémoriel. Issue des neurosciences, elle vise à faire mémoriser durablement une information. Lorsqu’un stagiaire termine un module en ligne, il reçoit 24h plus tard des questions. Une fois les réponses récoltées, le logiciel de formation les utilise pour adapter les interrogations des prochaines sessions à la courbe d’apprentissage du stagiaire. Elles se focaliseront notamment sur les points de difficultés repérés. « Apprendre les métiers du ferroviaire, c’est long et fastidieux, il faut partir de zéro. Nous espérons que les campus de Nanterre, Bordeaux et Lyon, nous aiderons à relever ce défi », explique Brigitte Capponi, responsable formation SNCF Réseau.
Avec une durée de 2 ans, la formation sur la signalisation électrique est la plus longue dispensée sur le campus de Bordeaux Bègles. La plus courte sur seulement 4 mois concerne l’option circulation ferroviaire. Une cinquantaine de formateurs permanents travaillent sur le site et plus de 85 intervenants spécialistes du génie civil, du génie électrique et de la circulation interviennent également. Ces formations s’adressent à tous les employés de SNCF Réseau. Elles sont accessibles dès l’obtention du Bac, avec un niveau Bac +2 ou Bac +5, dans le cas d’une reconversion. Enfin, les collaborateurs des clients et partenaires de SNCF Réseau peuvent aussi accéder à ses formations à l’instar des employés de la RATP, de la filiale SNCF Gare et Connexion ou encore de l’Infra-pôle du Midi-Pyrénées.
Attirer et fidéliser les collaborateurs
Brigitte Capponi, responsable formation (à gauche) et Misoo Yoon, DRH adjointe chez SNCF Réseau (à droite). (Crédit : CT)
« On passe d’un système où on formait à un métier pour la vie, à un système dans lequel on accompagne le salarié tout au long de sa carrière, explique Misoo Yoon DRH adjointe de SNCF Réseau. C’est essentiel si nous souhaitons le garder ». Face à l’actuelle pénurie de compétences en France, notamment dans les métiers industriels, la SNCF a imaginé ces centres de formation comme moyen d’attirer et de retenir ses collaborateurs.
Ainsi, le groupe propose une offre packagée avec enseignement, hébergement et restauration entièrement pris en charge par la SNCF Réseau. Les employés qui souhaitent se reconvertir tout en restant au sein de la SNCF Réseau ont la possibilité de se former dans l’un des trois centres de formation. De plus, à travers la diversité des apprentissages proposés, les stagiaires découvrent d’autres corps de métier, pour pourquoi pas, se réorienter une seconde voire une troisième fois.
Clémence Tingry
