Les sociétés Louis et Critizr instaurent un congé menstruel

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Alors qu’en France les douleurs liées aux règles restent souvent taboues, l’éditeur Critizr et le fabricant de mobilier de bureau Louis ont décidé de mettre en place un congé menstruel. (Photo : Instagram Gossip Room DR)

Selon une étude menée en 2021 par l’Ifop, près d’une femme sur deux souffre de règles douloureuses, voire invalidantes et 80% déclarent être anormalement fatiguées durant cette période .C’est pourquoi le fabricant de mobilier de bureau toulousain Louis et l’éditeur Critizr ont décidé de créer un jour de congé menstruel par mois pour leurs employées.

Une charte pour réglementer les congés menstruels

« Nous sommes partis d’un constat simple : l’une de nos ébénistes posait tous les mois un jour de congé, car elle avait des règles douloureuses qui l’empêchaient de travailler, explique Lucie Rouet, responsable de la communication chez Louis. C’est un sujet délicat à aborder et qui reste tabou en entreprise. Au début, nous [les femmes] n’osions pas en parler ». Puis, à la suite de nombreuses discussions informelles, la société a fini par créer une charte de consentement expliquant qui a le droit à ce congé, combien de jours sont acceptés et comment le demander.

Ainsi, depuis mars 2022, les employées remplissent mensuellement un tableau de suivi où elles notent les jours potentiels de leurs règles. Pour l’entreprise, il s’agit d’anticiper les absences et ainsi la continuité de la production. Le premier jour des règles, il suffit à l’employée d’envoyer un mail ainsi qu’un message Slack à son responsable et de poser un jour via le logiciel de gestion des congés avec en commentaire « congé menstruel ». Aucun certificat médical n’est nécessaire. Parallèlement, pour celles qui ne souffrent pas de règles invalidantes, il est possible de demander un jour de télétravail. Depuis mars, une seule femme prend systématiquement son jour de congé, les autres préfèrent rester travailler chez elles.

Restait à voir si les employés masculins accepteraient l’établissement d’un tel congé. « Il a suffi d’expliquer aux plus réticents qu’avoir leurs règles invalidait certaines de leurs collègues dans leur travail, car la douleur était trop forte, poursuit Lucie Rouet. Qui plus est, le fait que l’une d’elles était déjà régulièrement absente à cause de cela a facilité les discussions. Ils étaient déjà témoins de sa douleur », termine Lucie Rouet.

Critizr ajoute un congé pour fausse-couche

De son côté, l’éditeur de logiciel de fidélisation des clients Critizr a choisi d’aller encore plus loin. Toutes ses employées ont droit à un jour de congé payé pour règles douloureuses et à 5 jours en cas de fausse-couche survenant durant les 22 premières semaines de grossesse. Dans ce même cas, le dispositif s’étend aux employés masculins dont la conjointe a subi un arrêt naturel de grossesse, jusqu’à deux jours de congés. « Une telle perte est très douloureuse psychologiquement et physiquement pour les parents. Nous voulions aider autant que possible nos employés qui traversent cette épreuve », explique Xavier Molinié, DRH chez Critizr. « Cependant, nous ne pouvons pas nous substituer aux aides de l’État, c’est pourquoi nous proposons 2 jours pour les hommes et 5 jours pour les femmes. Au-delà, ce n’est plus viable pour l’entreprise », continue-t-il.

Dans la pratique, la mise en place de ces congés a été simple et rapide. Deux mois ont suffi à la direction pour régler tous les détails. Ainsi, toutes les personnes souhaitant recourir à ces congés n’ont qu’à envoyer un mail à leurs responsables hiérarchiques ainsi qu’aux RH de l’entreprise. Aucun certificat médical n’est demandé. Selon Xavier Molinié, tous les employés ont bien accueilli cette annonce. La direction attend cependant d’avoir plus de recul pour mesurer clairement les impacts, positifs ou négatifs, de cette décision.

Clémence Tingry

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