Dossier pénurie : le secteur de la chaudronnerie parie sur une app de rencontre pour recruter

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Face à ses difficultés de recrutement, le syndicat national de la chaudronnerie, tuyauterie, tôlerie et maintenance industrielle dévoile une application de rencontre. Le but ? Mettre en relation des jeunes en recherche d’emploi avec des professionnels du secteur sur smartphone avec un profil en ligne et surtout, sans CV. (Photo : SNTC)

« La France se prépare à construire son second parc nucléaire. Cela va engendrer une grosse demande de compétences alors que nous sommes d’ores et déjà en difficulté. Nous risquons d’atteindre un nouveau pic de tension en termes de recrutement », insiste Yolande Bufquin, secrétaire générale du syndicat national de la chaudronnerie, tuyauterie, tôlerie et maintenance industrielle (SNTC). Pour faire face, ce dernier a lancé en juin dernier l’application CTM Jobs de mise en relation entre professionnels et étudiants ou jeunes diplômés en recherche d’emplois du secteur.

D’un côté, les recruteurs publient leurs offres d’emplois, de l’autre les jeunes créent leur profil avec leurs noms, diplômes, formations et emploi recherché (stage, contrat d’apprentissage ou premier emploi). L’app joue sur les codes de l’app de rencontre, facilement identifiables par la jeune génération. Ainsi, les deux parties “scrollent” sur l’écran jusqu’à trouver un profil qui leur plaît. Si l’entreprise et un jeune “swipent” vers la droite, ils “matchent”. Il leur suffit alors de se contacter en message privé pour poursuivre le processus de recrutement. « Nous ne voulions pas créer une énième plateforme de recrutement. Au contraire, nous souhaitions sensibiliser les industriels aux nouveaux modes d’embauche, d’où l’absence de CV, précise Yolande Bufquin. Le but est de valoriser les compétences et la motivation des jeunes ». L’application accueille actuellement 130 recruteurs et 55 jeunes inscrits.

« Arrêter d’amalgamer entre travail physique et travail pénible »

Pour le moment, le syndicat ne donne pas le nombre de recrutements finalisés grâce à l’app . Cependant, leurs statistiques (accessibles), montrent qu’il y aurait 14% de swipes positifs chez les jeunes contre 55% chez les entreprises. La preuve, selon le syndicat, que les jeunes sont très exigeants. Lorsqu’ils choisissent une entreprise, c’est qu’ils sont réellement intéressés et motivés. Un point sur lequel Yolande Bufquin essaie de sensibiliser les sociétés : « Elles doivent prendre en compte la motivation dans leurs futures étapes de recrutement. Si un candidat choisit une entreprise, ce n’est pas sans raison ».

Les métiers de la chaudronnerie, tuyauterie, tôlerie et maintenance industrielle ne sont pas les seuls à éprouver des difficultés à recruter.  La France se situe en 11e position du classement des pays les plus impactés par la pénurie de main-d’œuvre et 85% des entreprises de son industrie manufacturière déclarent subir des difficultés de recrutement. Selon la secrétaire générale du SNTC, la communication « négative » autour de ces métiers expliquerait cette situation. « Nous avons tendance à amalgamer travail physique et pénible. Cela n’a rien à voir. D’ailleurs la pandémie l’a bien montré, il n’y a jamais eu autant de burn-out dans les métiers de « bureau » que depuis 2 ans. En outre, l’industrie s’est modernisée et robotisée pour réduire les douleurs physiques ».

Clémence Tingry

 

 

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